Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 11:26

https://metamag.fr/2017/03/29/brexit-quand-la-monarchie-donne-sa-lecon-a-la-dictature-god-save-the-people/

 

Brexit, quand la monarchie donne sa leçon à la dictature : God save the People

 
Brexit

Brexit, quand la monarchie donne sa leçon à la dictature : God save the People

 
 
 

Michel Lhomme, philosophe, politologue ♦

Marine Le Pen a eu raison de le souligner, c’est une vieille monarchie mais démocratique qui vient de donner une superbe leçon à la République française. La démocratie ne se résume qu’en un seul mot : la souveraineté du peuple et la souveraineté du peuple n’est pas un concept ou une discussion de concepts (entre l’ethnos et le démos) mais d’abord et avant tout un acte, l’acte souverain de la votation.

En s’asseyant en 2005 sur le suffrage du peuple, lors du référendum sur l’Europe, la classe politique française avait renié la démocratie. On peut d’ailleurs dire que ce fut là le début de la fin. A partir de cette date, petit à petit, la République française s’est délitée.

La France – Dupont-Aignan a aussi raison de le souligner – est désormais une dictature républicaine qui a réintroduit le vote censitaire par les primaires et la délation des soutiens aux candidats politiques par les parrainages publiables.

Comme souvent, les intellectuels n’ont rien vu et ont même participé au dévoiement démocratique et à la collaboration puisque pour les thuriféraires du régime, la dictature, c’est toujours forcément pour la bonne cause, c’est toujours pour le Bien et la morale : le totalitarisme de l’édredon (mariage gay et homosexualité pour tous) le politiquement correct (l’inquisition des opinions) et le bourrage de crâne à l’école (la bienveillance pédagogique sur fond de décodex).

La vieille monarchie anglaise qui vient de valider le Brexit nous rappelle du coup à l’essentiel. Nous ne sommes plus en France en démocratie, nous sommes dans une République autoritaire, une république confisquée par une caste, la classe politique dans sa totalité, les partis et la haute fonction publique. On pourrait s’interroger et se demander pourquoi les hommes politiques français ont été si serviles et on,t à ce point, renié dans leur propre pays les valeurs démocratiques en se donnant des airs d’aristocrates alors que le vrai style aristocratique, c’est depuis toujours l’Angleterre. En fait, les hommes politiques français n’ont été que des serviles, des assistantes sociales sur-rémunérées. On les verra d’ailleurs dans quelques jours sillonner leurs circonscriptions en répétant à satiété : « On va s’occuper de vous ! ».

De fait, si la classe politique française est aussi  retorse, sans conviction aucune, occupée depuis les années 80 à magouiller les élections, tripoter le mode de scrutin pour empêcher l’expression du vote populaire, la constitution par exemple d’un groupe Front National au parlement (dernière tentative : la proposition  de François Bayrou de l’introduction d’une dose de proportionnelle aux Législatives pour pouvoir émietter l’Assemblée et la rendre ingouvernable en cas de victoire du FN ), c’est que les hommes politiques français sont avant tout des « politicards », des « politichiens» comme le rappelait souvent le Général De Gaulle. Ce sont des hommes et des femmes qui n’ont souvent jamais travaillé ou bien seulement dans la fonction publique, qui ont passé toute leur vie à tous les échelons (locaux, cantonaux, départementaux, régionaux) à chercher à engranger des électeurs, à se plier, à se courber devant les préfets et tous les contrôleurs et autres inspecteurs de la République. Imagine-t-on par exemple, le Général, maire de Tulle ou de Colombey-les-deux-Églises.

Cette idée de ne pas déconnecter la représentation locale de la représentation nationale qui justifie pour beaucoup à droite, le cumul des mandats empêche les hommes politiques d’avoir tout simplement une vision sur le long terme, d’exprimer un idéal qui ne soit pas purement électoraliste. En France, c’est ainsi toute la formation de la classe politique qui serait à revoir, sciences-po et ENA comprises, ces écoles assurant le formatage  des élus. Nous ne retrouverons pas cela en Allemagne, ni aux États-Unis. L’ancrage local des politiques français  qui fait croire que par là, les politiques connaîtraient la « vie des Français » n’est qu’une illusion. On avait entendu, il y a quelque temps, que certains élus ne connaissaient même pas le prix d’un pain au chocolat ou d’un ticket de métro alors qu’ils étaient pourtant maires ou députés.

Ainsi, aussi étrange que cela puisse paraître, c’est finalement une monarchie, la monarchie britannique qui, en entérinant le Brexit , donne à la France la leçon qu’elle n’a jamais apprise, à cause de la guillotine, de Sieyès et de Talleyrand, celle de la démocratie. En France, les élites politiques médiatiques et professorales, la classe dominante des bobos, cette nouvelle bourgeoisie inculte et déracinée des mégalopoles fussent-elles régionales, cultivent les valeurs de la République qui se résument pour eux en une seule maxime « Méfions-nous du peuple ! ». La France est ainsi redevenu le pays qu’elle a souvent été, celui des réunions clandestines, celles de restaurants gastronomiques où l’on prépare sur la nappe et en cachette le « sursaut républicain », « défendre les valeurs de la République ». Dans quelques semaines, ce sera l’appel républicain des artistes de la confiscation du vote.

La France demeure ignorante, elle n’a jamais compris et lu attentivement les théories républicaines britanniques. De fait, vu de France, le peuple anglais est un peuple étrange , gouverné par une sorte de régime hybride, fait à la fois de république et de monarchie de sorte qu’il n’apparaît ni vraiment comme une république, ni vraiment comme une royauté  et cela demeure incompréhensible pour un Français. Le peuple anglais  connaît, lui, la force souveraine du référendum qui par définition divise effectivement le corps politique pour le bien commun et l’intérêt général, nos politiques français ne concevant le référendum que sous la forme du plébiscite . De tous côtés, on entend dire ainsi qu’en France, un référendum sur l’immigration serait démagogique mais pas démocratique. Il faut relire les déclarations post-Brexit de Fillon, Bayrou, Hollande qui prédisaient l’apocalypse et demandaient à refaire les élections (Fillon allant jusqu’à refuser  de faire voter les jeunes !). L’heure est sans doute venu  d’une sorte de grand Walking Dead en politique française. Une république sans respect de la souveraineté populaire n’est pas une république démocratique mais au sens propre : une répûblique autoritaire. Le Royaume-Uni ne revotera pas, n’en déplaise à Bernard Henri-Lévy  et à nos politiciens  qui l’auraient  souhaité .

Soyons anglais : là-bas, le peuple est le seul propriétaire de son vote et arbitre de son destin et rêvons peut-être sous les draps d’un voyage à Londres, d’un roi ou d’une reine. God save the people !

Partager cet article

Repost0

commentaires