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17 mars 2017 5 17 /03 /mars /2017 15:26

http://www.bvoltaire.fr/mariedelarue/cazeneuve-clause-moliere-a-tartuffe-tartuffe-demi,319206?mc_cid=06df1bab65&mc_eid=58ff097ba7

 

Cazeneuve et la clause

 

Molière : à Tartuffe,

 

Tartuffe et demi !

AUJOURD'HUI

 

Monsieur Cazeneuve n’a sans doute guère l’occasion de fréquenter des chantiers, sauf sous l’œil bienveillant des caméras.

 

Marie Delarue

Ecrivain, musicienne, plasticienne

 

L’Obs, dans sa livraison de ce jeudi, s’est offert un grand moment de littérature : une nouvelle d’anticipation nous décrivant la France à terre, se réveillant en état de mort clinique au lendemain de l’élection de Marine Le Pen.

La mode étant, donc, à la politique-fiction, je propos un scénario aux amateurs.

Voici le pitch, comme on dit dans le cinéma : Angélique, la femme deux fois épousée d’un Premier ministre français (divorcés en 2012, ils se sont remariés en 2015 sous la bénédiction du Président) est atteinte d’un cancer du sein. On lui prescrit des séances de radiothérapie. En sa qualité d’épouse du Premier ministre, on lui trouve une place prioritaire dans un service de pointe pourvu des équipements les plus sophistiqués où la conduiront à tour de rôle les trois chauffeurs que l’État a mis à sa disposition. Mais, horreur, au lieu de recouvrer la santé, Angélique voit sa chair se transformer en vieux cuir avant de s’en aller en lambeaux.

Diagnostic : erreurs de paramétrage de la machine entraînant un surdosage de rayonnements ionisants.

Explication après enquête : les radiologues n’ont pas compris les consignes, et donc pas su utiliser correctement la machine dont tout le paramétrage était expliqué en anglais.

Toute ressemblance avec des personnes, etc.

En revanche, ressemblance totale avec des faits, ce scénario terrible ayant coûté la santé à des centaines de patients et parfois la vie pour quelques-uns (400 à Épinal, 24 à Toulouse).

Ce petit détour par la fiction pour arriver au sujet du jour : la « clause Molière », soit une mesure qui vise à imposer l’usage du français sur les chantiers publics et que monsieur Cazeneuve, Premier ministre en attente d’exercice, vient de qualifier de « clause Tartuffe ».

Plusieurs régions, principalement de droite il est vrai (Île-de-France, Hauts-de-France, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes), mais aussi des villes (Montfermeil, Chalon-sur-Saône) ou départements (Haut-Rhin, Charente et prochainement Alpes-Maritimes) ont décidé d’appliquer cette mesure sur les chantiers dont ils sont maîtres d’œuvre. Un scandale, dit le Premier ministre, qui affirme que ces décisions ont pour seul but de « faire obstacle à la concurrence d’entreprises étrangères faisant appel à des travailleurs détachés », espérant par là « en tirer un profit électoral ». En conséquence de quoi la clause Molière serait « infailliblement condamnée » par « n’importe quel tribunal ». Plus grave encore, dit-il, ces mesure sont « contraires aux intérêts de la France » car susceptibles de provoquer « des mesures de rétorsion » à l’étranger.

Extraordinaire retournement des choses ! Car n’est-ce pas, au contraire, le recours massif aux « travailleurs détachés », cette absurdité idéologique et économique dans une Europe à 27 où les niveaux de vie sont totalement disparates, qui est « contraire aux intérêts de la France » ?

Devant les accusations de xénophobie lancées contre le secteur du BTP, Jacques Chanut (président de la Fédération française du bâtiment) rappelait ce matin sur RTL : « On intègre depuis des années toutes les vagues migratoires, mais la différence, c’est que les travailleurs qui venaient autrefois voulaient s’installer ici, faire leur vie professionnelle en France. Or, dans ce système actuel du détachement qui dure en moyenne 51 jours pour un ouvrier du bâtiment, la volonté d’apprendre la langue pour s’intégrer est absente de leur démarche. » Un système dangereux car, à l’évidence, « l’incompréhension de base de la langue crée des problèmes de sécurité ».

Comme le radiologue sur sa machine sophistiquée, un ouvrier du bâtiment a besoin de comprendre aussi bien les consignes que les documents qu’il reçoit ! Mais monsieur Cazeneuve n’a sans doute guère l’occasion de fréquenter des chantiers, sauf sous l’œil bienveillant des caméras

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