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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 12:29

http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2017/09/04/kiev-5976738.html

 

Ukraine : intangibilité des frontières ? Allons

donc !

La Laure de Kiev, sur le Dniepr, monastère fondé en 1051, et lieu de résidence du primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine (Patriarcat de Moscou)

 

En deux mots.jpgDe tous les dogmes en vogue en matière de politique étrangère, le plus stupide, le plus irréaliste, et le plus ignorant – en particulier de la géographie et de l'Histoire - c'est, sans conteste, celui de l'intangibilité des frontières.

Lesquelles, en effet ? Sans remonter au déluge, le XXe siècle a passé son temps à les modifier en tous sens : à l'issue de la 1ère Guerre Mondiale où l'on dépeça l'Autriche-Hongrie et la Turquie, sur les dépouilles de laquelle Français et Anglais tracèrent arbitrairement les bien embarrassantes frontières de l'actuel Proche-Orient ; à la fin de la Seconde Guerre mondiale où la carte de l'Europe fut refondue, dans la foulée  de Yalta ; lors de l'éclatement de l'URSS enfin, à quoi s’ajoute la dislocation subséquente de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie que les traités d'après la Grande Guerre avaient pourtant instituées.

Au total, l'Europe actuelle compte nombre d'Etats qui n'existaient pas avant 1914, 1945 ou autour de 1990. De fait, le principe de l'intangibilité des frontières n'a cessé d'être foulé aux pieds à l'époque moderne, comme en toute autre de l'Histoire. Croit-on que l'on va s'en tenir éternellement au tracé actuel des frontières de l'Europe, que les choses vont s'arrêter là ?

Et est-ce au nom de ce principe de l'intangibilité des frontières qu'Emmanuel Macron vient crânement de déclarer sa ferme intention de mener la vie dure à Vladimir Poutine à propos de l'Ukraine, ou même de la Crimée ? Pourquoi ? Ce n'est guère sérieux.

Nous ne sachons pas que du temps de l'Union Soviétique, sous Staline, Khrouchtchev, Brejnev, ou même Gorbatchev, aucun Etat, aucune diplomatie occidentale, aient, alors, jamais contesté que l'Ukraine - ou la Crimée - fût russe. Personne n'aurait alors songé à s'en aviser, encore moins à en saisir les Soviétiques,

Selon l'Histoire, l'Ukraine est le berceau de l'ancienne Russie autour de l'an 1000, où Vladimir, grand prince de la Rus de Kiev, décida, que la Russie serait chrétienne, et, de surcroît, orthodoxe, à cause de la beauté des cérémonies byzantines. Le baptême de la Russie, fut décidé à Kiev, à l'époque où Moscou n'était qu'un gros village. Sous l’angle culturel plus récent, Gogol, Prokofiev ou Tchaïkovski sont Ukrainiens ; ce sont surtout, cependant, sous le regard du monde entier, de grands artistes russes. Aujourd'hui, encore, l'église orthodoxe d'Ukraine est rattachée au Patriarcat de Moscou, ce qui n'est pas, ici, sans importance spirituelle et politique.    

Les « démocraties » ont reconnu naguère les frontières de l'Union Soviétique, Ukraine et Crimée comprises, toutes deux déjà russes sous les derniers tsars.

Elles s'obstinent aujourd'hui, alignées sans scrupules sur la politique belliciste active des Américains, bien loin de leurs bases, au centre et à l'Est de l'Europe, à contester ce qu'elles ont accepté hier. 

La Crimée est russe au moins depuis le XVIIIe siècle et chacun sait qu'elle ne fut rattachée à l'Ukraine, alors russe, qu'en 1954, par décision en quelque sorte administrative de Moscou, prise en l'occurrence par Nikita Khrouchtchev. Singulière paternité pour cette Crimée ukrainienne à laquelle sans autres raisons s'accrochent les Occidentaux.

Au risque de choquer quelques lecteurs, notre avis est que l'équilibre, la tranquillité et, tout simplement, la paix de l'Europe, seraient infiniment mieux assurées si, sous une forme ou sous une autre, préservant, autant que possible, sa toujours relative indépendance, l'Ukraine - c'est chose faite pour la Crimée - retrouvait sa place historique dans l'orbite, la zone d'influence, russe. C'est précisément à quoi notre diplomatie ne cesse de s'opposer pour l'instant. Elle continue de fonder son action sur les principes du « format Normandie » plutôt que sur l'esprit de la rencontre franco-russe de Versailles. Cette position ne peut manquer de laisser la crise ouverte pour longtemps en Ukraine.

Ce grand Etat mafieux, cette nation composite, dont l'identité est peu définie, qui ne fut presque jamais indépendante et, au contraire, continuellement partagée entre ses voisins ; dont les finances, minées par la corruption de ses dirigeants, sont en ruine, ne nous semble pas pouvoir être artificiellement attirée, sans dommages, embarras de toutes sortes, et sans que se perpétue dangereusement un état de tension permanente avec la Russie, vers l'Europe de l'Ouest ou, pis, sous la coupe de l’OTAN.  

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