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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 07:36

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10407999 766442243407137 946111284902348349 n-copie-1Crimée – Donbass

Paix et prospérité d’un côté, guerre et famine de l’autre,

Pourquoi cette différence ?

Par Ivan Blot

  

En Crimée, les touristes se pressent comme toujours sur les plages au soleil. A Donetsk ou Lougansk, 500  kilomètres plus au nord, c’est l’enfer : l’armée ukrainienne bombarde tout ce qui bouge, combattants fédéralistes comme civils, les villes manquent de tout, même d’eau et d’électricité, et la famine menacerait Donetsk, une ville d’un million d’habitants. Les habitants ne peuvent s’échapper car le gouvernement de Kiev, dit ukrainien, refuse la mise en place de couloirs humanitaires. On approche les deux mille morts depuis que Kiev fait la guerre à son propre peuple dans l’Est du pays. Selon l’ONU, il y aurait plus de 500 000 réfugiés ukrainiens en Russie. Et l’Occident ne cesse d’accuser la Russie d’agression alors que les populations de réfugiés ne vont jamais chez l’agresseur. Elles ont peur des canons de Kiev et non des canons russes !

  

Comment en est-on arrivé là ? En Crimée, la population a eu la chance, protégée par la Russie, de pouvoir décider de son destin et comme prévu, elle a voté à une grande majorité, la sécession envers l’Etat ukrainien puis le rattachement à la Russie. Le pays est en paix. Le rattachement à la Russie s’est fait sans un seul mort, comme la réunification de l’Allemagne. Le développement économique va reprendre, à l’aide notamment du tourisme, dans la presqu’ile qui était négligée par Kiev parce qu’elle votait « mal ».

  

Par contraste, les régions de Donetsk et de Lougansk ont aussi fait un référendum, demandant l’indépendance dans une perspective de rattachement à la Russie. Le gouvernement de Kiev n’a pas accepté cette sécession démocratique et a décidé de rétablir son autorité par des moyens militaires. Ainsi, l’armée ukrainienne est contrainte de tirer sur son propre peuple ! Cela ne semble pas choquer les Occidentaux. Le président français a critiqué la Russie pour avoir changé la frontière en Crimée comme si la France n’avait pas fait la même chose à Mayotte en 2011 (en étant condamnée par l’ONU ce qui ne la gêne pas) ou en Alsace Lorraine en 1918.

  

Toute la différence entre la Crimée et le Donbass est là ! En Crimée, tout s’est fait conformément à la volonté de la majorité des habitants. La paix en est résulté même si Kiev ne reconnait pas la nouvelle Crimée russe ! Dans le Donbass, on a voulu faire fi de la volonté des populations. Ce fut la panique à Kiev car on sait très bien que de nombreuses régions du sud est de l’Ukraine voudraient se séparer de Kiev. Le pouvoir de Kiev a commis, il est vrai, une erreur impardonnable, enlever au Russe son statut de langue officielle à côté de l’Ukrainien. C’est comme si la Belgique interdisait tout d’un coup le néerlandais en Flandre ! Outre Donetsk et Lugansk, les régions de Karkhov ou de Dniépropetrovsk voulaient aussi s’émanciper. Quant aux régions d’Odessa, de Mikolaiev et de Kherson, elles réclamaient leur rattachement à la Crimée.

  

Au lieu de chercher une solution négociée autour d’une constitution fédérale, comme cela fut fait en Belgique, le pouvoir de Kiev, issu originellement d’un putsch, a maintenu la fiction d’un Etat unitaire et a décidé de bombarder ceux qui ne pensaient pas  comme lui.

  

La charte de l’ONU défend le principe de l’intégrité territoriale mais défend aussi le principe d’autodétermination des peuples, si cher à Charles de Gaulle. La Russie n’a pas touché à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, sauf en Crimée qui avait été « donnée » à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev sans consulter les populations. On ne savait pas l’Occident attaché à ce point aux révisions de frontières pratiquée arbitrairement dans l’ancienne Union soviétique. Maintenant, la Russie est accusée sans preuves sérieuses de soutenir les rebelles fédéralistes et l’Occident trouve par contre normal que l’armée ukrainienne bombarde les habitants de l’Est.

  

Ce déni de démocratie est appliqué pour mettre en œuvre la pensée du géopoliticien américain Zbigniew Brzezinski. Celui-ci est aux présidents américains successifs ce que Haushofer fut pour les doctrinaires du nazisme. Sa doctrine ouvertement impérialiste implique d’affaiblir la Russie coupable de s’étendre sur l’Eurasie et de concurrencer l’Amérique. Pour Brzezinski, il faut créer la brouille entre la Russie et l’Europe occidentale. Mais son impératif premier est d’empêcher tout rapprochement entre la Russie et l’Ukraine. Peu importe pour lui les liens historiques et économiques, la parenté ethnique et linguistique, la communauté religieuse commune des Russes et des Ukrainiens. Tout cela, ce sont des données humaines. La géostratégie de monsieur Brzezinski parle le langage du pouvoir et de l’impérialisme, non le langage des hommes, de leur identité et de leur liberté. Il est triste de voir une pareille doctrine qui rappelle des heures sombres de notre histoire, reprise par les médias du monde occidental.

  

Les conséquences humaines sont là : alors que la Crimée redevenue russe coule des jours heureux (il suffit d’en parler avec les habitants), les habitants du Donbass vivent l’enfer et ce qui commence à ressembler à un vrai génocide. Quand l’Occident retrouvera-t-il les valeurs qu’il proclame et qu’il bafoue tous les jours en Ukraine ? Heureusement que le président Poutine donne l’exemple de la sagesse, pour sauver les chances de paix, permettre à la Russie et l’Ukraine de rester amies face à des forcenés qui ne connaissent que le langage de la violence.

  

La recette pour une politique moins désastreuse est simple : il faut respecter les hommes et non les mépriser. Respecter les hommes, cela veut dire les respecter pour ce qu’ils sont dans leur altérité. Pourquoi un Ukrainien « prorusse » comme on les appelle, et ils sont des millions, devrait-il être méprisé au point qu’on n’éprouve plus la moindre miséricorde pour ses souffrances ? Ce n’est ni humain ni chrétien. Mais le philosophe Heidegger en disant que l’homme occidental moderne était dominé par « l’arraisonnement utilitaire » avait bien vu que l’homme serait réduit à un rouage de la technique, de l’économie et de la volonté de puissance. L’Ukrainien n’est pas « utile » dans le dispositif géopolitique de monsieur Brzezinski. Il peut donc être effacé de la terre, s’il résiste au projet de domination impériale. Cette pensée n’est ni humaine, ni chrétienne, espérons qu’elle s’effacera devant l’exemple de ceux qui se montrent humains et chrétiens, comme le président Poutine et le patriarche Alexis II.

 

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