Cher Monsieur,
L' interview demandee par l'agence ITAR-TASS a Vous en tant qu'ex-directeur general d'entreprise multinationale, economiste et geopoliticien, est prevu pour le 65-eme anniversaire de la Grande Victoire que nous fetons le 9 Mai.
L'Agence prepare une edition speciale ecrite a cette occasion et demande d'envoyer les interviews et autres articles avant le 19 avril. En principe le volume n'est pas limite, meme 10 pages. Je serai bien reconnaissant a Vous d'avoir les reponses ecrites avant le 19 avril.
Mon questionnaire est ci-dessous:
- Avant de parler du role de la Russie pendant la Seconde guerre mondiale.... Que pouvez Vous dire du role de la Russie pendant la premiere guerre mondiale, de ce role qui est bien souvent ignore ou oublie meme dans notre pays?
Le rôle stratégique fondamental de la Russie pendant la première guerre mondiale, chose étrange , est complètement oublié ou passé sous silence ! Qu’on en juge : sur les 15 378 000 Russes mobilisés pendant la période 1914-1917, 6 400 000 furent tués ou blessés dont 2 700 000 pour la seule année 1916 au cours de laquelle des offensives de grande envergure furent entreprises par l’armée russe pour soulager l’armée française engagée à Verdun, l’armée italienne en déroute dans la région du Trentin en mai 1916, et l’armée roumaine battue en plusieurs endroits en août -septembre 1916. C’est à juste titre que le maréchal français Foch a pu dire : « Si nous avons pu tenir de la Marne à Arras et finalement à l’Yser, c’est que la Russie de son côté retenait une notable partie des forces allemandes ». En ce qui concerne le chiffre exact du nombre de tués, la Russie avec 1700 000 tués eut même davantage de tués que la France saignée à blanc (1500 000) et légèrement moins que l’Allemagne (1 800 000) contre à peine 100 000 pour les Etats-Unis qui sont seulement intervenus en 1918, selon leurs bonnes habitudes , à la fin de la guerre ! Lorsque les Etats-Unis entrèrent en guerre en 1917, l’armée allemande était dans un état de crise lui laissant peu d’illusions sur l’issue finale de la guerre. C’est l’une des raisons qui ont poussé l’état major allemand à permettre la traversée de l’Allemagne du « wagon plombé » contenant Lénine et ses bolcheviques qui prirent le pouvoir, à la suite d’un putsch à Petrograd le 6 novembre 1917, et qui mirent fin à la guerre, en ce qui concerne la Russie.
90% des Français cependant sont persuadés à tort que si la première guerre mondiale a été gagnée, c’est grâce à la seule Amérique, la plupart ne sachant pas, n’imaginant même pas que la Russie est intervenue, ce qui est une grave injustice pour la Russie et un mensonge historique ! Les pertes énormes de l’armée russe s’expliquent aussi malheureusement par le retard de l’industrie de l’armement russe à cette époque et par sa capacité de production tout à fait insuffisante alors que l’artillerie allemande était terriblement efficace ! Il me semble donc que le peuple russe devrait en tirer une leçon et se réjouir de voir aujourd’hui en 2010 que ses dirigeants actuels, le Premier Ministre Poutine et le Président Medvedev, souhaitent et font tout ce qu’ils peuvent pour activer une modernisation rapide de l’industrie russe de l’armement.
- Dans mon pays on rend hommage a la contribution de toute la coalition anti-nazi, du debarquement de Normandie en juin 1944 etc .... Mais parfois on oublie le role decisif de la Russie pour la victoire pendant la Seconde guerre mondiale et on fait l'accent sur la participation americaine?
L’Occident aime les Russes, mais pas la Russie, en raison de la propagande américaine, des médias et de deux grands mensonges historiques. Ce n’est pas l’Amérique, mais la Russie qui a joué le rôle décisif pendant les deux dernières guerres mondiales contre l’Allemagne impériale et le nazisme ; Natalia Narotchnitskaïa l’a rappelé opportunément dans son ouvrage « Que reste-t-il de notre guerre ? ». La Russie est une partie intégrante, souffrante, sacrificielle, disait même Pouchkine de la civilisation européenne.
« Les Américains, disait le grand cinéaste français Godard, ont toujours attendu que l’Europe s’entre-tue pour intervenir ; ils sont venus quand tout le monde était fatigué, jamais au début, ni en 1914, ni en 1940. Tout ce qu’ils veulent, c’est envahir ; ils veulent envahir parce qu’ils n’ont pas d’histoire ; ils ont besoin d’envahir les gens qui en ont ».
La seconde guerre mondiale a été gagnée par la Russie dont les sacrifices humains avant, pendant et après Stalingrad ont permis de vaincre l’Allemagne nazie qui avait lancé en 1941 l’opération Barbarossa. C’est à vingt kilomètres de Moscou que des divisions venues de Sibérie soutenues par le « général hiver » arrêtèrent pour la première fois le 5 décembre 1941 l’offensive de la Wehrmacht. A Stalingrad s’affrontèrent dans une bataille acharnée, de juillet 1942 jusqu’à la capitulation du général Friedrich Paulus, le 2 février 1943, deux armées de plus d’un million d’hommes, avec une violence qui dépassa toutes celles de la première guerre mondiale pour chaque maison, chaque château d’eau, chaque cave, chaque morceau de ruine. Mais c’est l’offensive allemande manquée de Koursk , le 4 juillet 1943, « la plus grande bataille de chars de l’histoire » qui va permettre à l’Armée rouge dès le 12 Juillet 1943 de s’engager à fond dans l’offensive jusqu’à la défaite de l’Allemagne. La Russie a versé un tribut de 23 200 000 morts civils et militaires sur l’autel de la guerre totale contre Hitler. La seule URSS a perdu la moitié des victimes de l’ensemble du conflit de 1939-1945. Le débarquement de Normandie, en juin 1944, n’est intervenu que tardivement, alors que les troupes russes avaient déjà atteint la frontière orientale de l’Allemagne. Le débarquement allié a eu pour seul et principal effet d’éviter que l’Europe entière devienne soviétique. Il y avait 26 divisions allemandes sur le front occidental contre 170 divisions sur le front de l’Est. Les pertes de l’Amérique en Europe ont été de 182 070 tués pour l’ensemble des campagnes de 1941 à 1945, alors que pour la seule prise de la ville de Berlin, l’Amérique ayant préféré laisser faire et agir seule l’armée soviétique, les Russes ont perdu 300 000 hommes du 25 avril au 3 mai 1945. La Russie a donc eu, pour la prise de Berlin, plus de tués que les pertes militaires américaines totales (292 000) des fronts européen et japonais de décembre 1941 à août 1945 .
Que ce soit au Japon avec le lancement de la bombe atomique en 1945 à Nagasaki et Hiroshima, à Dresde et à Hambourg avec le lancement de bombes au phosphore sur les réfugiés pendant la deuxième guerre mondiale, au Vietnam, ou plus récemment en Irak et en Europe avec les Serbes défendant leur territoire national , les Anglo-Saxons excellent toujours à engager l’aviation et à bombarder les populations civiles pour diminuer le nombre de leurs propres pertes militaires en hommes.
3. Quelle est exemple de la fraternite d'armes franco-russe /plutot franco-sovietique/ pendant la Seconde guerre? Pourqoi cette fraternite d'armes franco-russe devient-elle impossible actuellement?
Le régiment d’aviation « Normandie-Niemen » avec des pilotes français dans des avions russes a subi des pertes très importantes et a revendiqué 273 victoires dans les dommages infligés aux Allemands. Le souhait du général de Gaulle était d’être présent militairement , même d’une façon symbolique, sur le plus gigantesque des fronts de la Seconde Guerre mondiale.
Le général de Gaulle avait une vision historique, civilisationnelle de la Russie et souhaitait dès 1949 un premier rapprochement de la France et de l’Allemagne qui devait précéder un second rapprochement avec la Russie.
Les dirigeants européens actuels, suite à l’influence des Etats-Unis, ont une vue trop pragmatique, trop énergétique, trop économique, trop court terme du rapprochement avec la Russie, ce qui est une grave erreur !. Il faut envisager aussi une coopération politique, culturelle et militaire. Je suis personnellement favorable au retrait des pays européens de l’OTAN, à la dissolution de l’OTAN, à la constitution d’une véritable force de défense ouest-européenne dont le quartier général serait à Strasbourg. Je suis ouvert à une mise en commun des moyens nucléaires français avec l’Allemagne, à la renégociation de l’Alliance Atlantique et à la signature d’une Alliance Continentale entre une Europe carolingienne (160 millions d’habitants) et la Russie. Comme disait Lénine, « on peut faire mieux avec moins » car la trop vaste Union européenne avec 27 pays est une plaisanterie politique, diplomatique et militaire ; l’UE ne peut constituer au mieux qu’une zone de libre échange économique. Ainsi l’Europe de l’Ouest serait libre, européenne, équidistante de Moscou et de Washington alors que pour l’instant, elle est sous le protectorat militaire de la force intégrée de l’OTAN et donc sous le contrôle de Washington. Zbigniew Brzezinski dans son livre « Le Grand Echiquier » souhaite sans complexe dépecer la Russie en trois parties et parle de suzerain pour les Etats-Unis, de vassal pour les pays européens !.
L’Europe de L’Ouest et la Russie doivent se rapprocher pour assurer la survie de la civilisation européenne. La Grande Europe ne va pas de Washington à Bruxelles, mais de Brest à Vladivostok !
La Russie doit aider dans l’immédiat l’Europe de l’Ouest à retrouver ses valeurs traditionnelles ancestrales, à trouver un équilibre de bon sens entre les droits utopistes de l’homme et le droit des citoyens européens à leur identité, à sortir des griffes de l’OTAN. A long terme, les Européens doivent considérer la Russie non plus comme l’ancien ennemi de la guerre froide, mais au contraire comme la sentinelle de l’Europe vis-à-vis de l’Asie Centrale et de la Chine ! En Asie, l’Européen, c’est le Russe ! Nous Européens de l’Ouest devons nous considérer comme « l’Hinterland »de la Russie pour l’aider à long terme à défendre démographiquement, économiquement, culturellement, militairement la civilisation européenne en Sibérie même si géographiquement elle se trouve en Asie .La Sibérie, c’est le « Far East » de l’Europe !
- Ces dernieres decennies l'Europe a subie l'evolution radicale, on peut dire meme revolution, dans les domaines de la defense et de la securite: l'URSS en tant que deuxieme puissance militaire mondiale n'existe plus, le Pacte de Varsovie n'existe plus .....Mais certains experts de l'OTAN considerent toujours la Russie comme "adversaire" ou comme "une menace" pour l'Europe. A Votre avis, la Russie, est-elle partenaire de l'Europe en matiere de la defense et de la securite ou une menace pour l'Europe?
La Russie avec 145 millions d’habitants aujourd’hui et peut être au mieux 120 millions d’habitants en 2050 ne constitue pas une menace pour l’Europe. Même si la Russie le souhaitait, elle n’aurait pas les moyens humains suffisants pour occuper militairement et garder sous son contrôle l’ensemble de l’Europe.
Mon souhait personnel, c’est inéluctable et cela va dans le sens de l’histoire, est bien au contraire que la Russie reprenne un jour le contrôle de l’Ukraine (son Alsace-Lorraine et son berceau religieux) et de la Biélorussie, afin de constituer un poids démographique suffisant de 200 millions d’Européens vis-à-vis de la Chine et de l’Asie Centrale. Si la Russie regarde naturellement aujourd’hui vers l’Est et vers le Sud (dangers possibles), c’est justement parce qu’elle est européenne !
Alors qu’il était clair que la Russie actuelle ne représentait aucune menace pour elle, l’OTAN a développé son appareil militaire méthodiquement vers l’Est de l’Europe et procédé à un encerclement continental de la Russie sur son flanc sud (bases militaires en Asie Centrale et construction de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan)
La Russie a mille fois raison de ne pas admettre que Washington fasse à ses frontières ce que les Etats-Unis n’ont jamais accepté aux leurs (Doctrine Monroe). Les Occidentaux ont abusé sans mesure aucune de la faiblesse de la Russie après la chute du communisme et ont perdu une belle occasion de démontrer aux Russes une volonté de paix. Ils voient aujourd’hui la paille dans l’œil de leur vis-à-vis russe, mais n’ont pas vu la poutre dans le leur. L’impasse de la stratégie américaine, au-delà de la prise de position toute récente du Président Obama ,est celle d’une politique de confrontation défiant la Russie et niant ses intérêts jusque dans son « étranger proche »
Par ailleurs, suite à l’éclatement de l’Union soviétique, la Russie a vu son emprise territoriale rétrécie en deçà même de la frontière du traité du 3 mars 1918 de Brest-Litovsk entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Bulgarie et la Russie qui consacrait les conquêtes allemandes dans l’Est. Avec l’indépendance de la Biélorussie, Moscou se trouve à moins de mille kilomètres de la frontière.
Il est vrai que l’OTAN a la fâcheuse intention de vouloir « remplacer l’ONU ». L’élargissement de l’OTAN aux pays de l’ancien Pacte de Varsovie a créé les conditions d’un « retour de la guerre froide ». Aux dirigeants de l’OTAN qui répètent qu’ils n’ont pas d’intentions belliqueuses, l’ancien Président Poutine a eu raison de citer le chancelier allemand Bismarck : « l’important n’est pas l’intention, mais le potentiel ». La Russie a connu un effondrement économique et une crise de l’armée dans les années 1990, période de faiblesse dont l’Occident a profité pour élargir l’OTAN et intervenir au Kosovo.
- Pendant ces 10 dernieres siecles c'est la Russie, qui etait toujours l'objet des agressions miltiples, venant de l'Ouest, elle s'est presente comme bouclier defendant l'Europe des inavasions, venant de l'Est, et elle aidait les peuples europeens en lutte contre l'Empire Ottomane. Pourquoi on ignore ces faits plus qu'evidents de l'histoire en presentant la Russie comme "menace" pour l'Europe?
Le pape Grégoire IX n’avait en effet rien trouvé de mieux que de lancer une croisade contre la Russie, une Russie qui saignait sous les coups des Mongols mais qui n’était pour le pape qu’un repaire de schismatiques. Moment décisif dans l’histoire russe : le pays, attaqué à l’Ouest et à l’Est, doit se battre sur deux fronts, contre l’Asie et contre l’Europe. D’où une psychose d’encerclement qui marquera durablement jusqu’à nos jours la mentalité russe. La croisade pontificale conduite par les Suédois qui voyaient là l’occasion d’éliminer leurs concurrents commerciaux en Baltique, est écrasée sur les bords de la Néva par Alexandre Viaroslavitch qui s’appellera dès lors Alexandre Nevski. Celui-ci bat ensuite les Chevaliers Teutoniques, en 1242, sur la glace du lac Peïpous. Puis il doit encore vaincre les Lituaniens. C’est grâce à ces victoires que Novgorod pourra se faire accepter dans la Hanse, précieux cordon ombilical avec l’Occident. Mais la Russie dérive désormais vers l’est ; c’est en composant avec les Tatars de la Horde d’Or qu’Alexandre Nevski devient grand prince. Il joue la collaboration avec l’occupant asiate, garantissant ainsi la survie d’une patrie russe et ses chances d’un futur redressement, avec en 1380 la bataille de Koulikovo sur le Don et le début de la fin de la nuit mongole.
Les deux coups d’arrêt décisifs portés par les Européens à l’Empire Ottoman, avec une fortune des armes très hésitante, furent la bataille navale de Lépante (1571) où la flotte chrétienne de la Sainte Ligue commandée par don Juan d’Autriche dégagea la Méditerranée occidentale ainsi que deux défaites terrestres devant Vienne en 1529 et surtout en 1683 qui marquèrent le début du déclin ottoman. Le 12 septembre 1683, devant les murs de Vienne, 65 000 soldats catholiques et protestants formant une « armée européenne » et chrétienne, commandés par le duc Charles de Lorraine et le roi de Pologne Jean III Sobieski, affrontent et mettent en déroute les 200 000 Ottomans de Mehmet II. La progression musulmane dans le sud-est européen est brisée pour trois siècles. Sans ces victoires, nous serions les enfants de Constantinople et, comme dans tous les pays occupés par les Turcs, nos églises ne devraient pas être plus hautes qu’un guerrier à cheval…Il est certain que la IIIème Rome , depuis et avant même la chute de Byzance en 1453, avec ses cosaques et ses valeureux soldats, a pendant des siècles par ses victoires et ses conquêtes successives de territoire énormément contribué à affaiblir également la puissance de l’empire ottoman, pour le plus grand bénéfice des peuples européens. La guerre de Crimée de l’Empire britannique en 1854 pour contrer l’expansionnisme russe face au déclin de l’Empire ottoman pouvait se comprendre du point de vue anglais, mais du point de vue français, ce fut une absurdité géopolitique et une grave erreur de Napoléon III !
De nos jours, c’est l’intérêt de la seule Amérique que de présenter la Russie comme une « menace » pour l’Europe ! La Russie est au contraire, je le répète, la sentinelle de l’Europe face à l’Asie Centrale et à la Chine ! Pourquoi ? Parce que la Sainte Russie est à la pointe du combat idéologique entre les valeurs traditionnelles de l’Europe (primauté du politique, importance du sacré , de la patrie, de la famille, des valeurs guerrières) et les valeurs marchandes de l’Amérique qui veut imposer aux peuples européens une civilisation droit de l’hommiste, individualiste, matérialiste, financière où tout le monde parlerait bien évidemment anglo-américain ! La Russie, grâce à son immensité et à ses armes nucléaires stratégiques capables de détruire l’Amérique, est donc la seule Nation européenne qui ne se couche pas, qui ne pratique pas la repentance et qui dit non aux Etats-Unis alors que tous les autres peuples européens sont sous le contrôle de l’OTAN ! La Russie, seule Nation européenne pouvant nous délivrer à court terme de l’emprise de l’OTAN, représente donc un danger non pas pour l’Europe européenne, mais pour l’Europe américaine! C’est la raison pour laquelle j’ai écrit le livre : « Les Euroricains » !
6. Quelle est Votre avis sur les tentatives de la revision de l'histoire, du bilan de la Seconde guerre mondiale, des crimes nazis et du proces du tribunal de Nuremberg qui avait qualifie les SS "d'organisation criminelle"?
La Russie a souffert plus que les autres republiques sovietiques des repressions du regime stalinien.... Est-ce qu'il est justifie d'incriminer la Russie des crimes de ce regime?
Le 14 février 1942, le ministère britannique de l’Armée de l’air donnait l’ordre au « Bomber Command » de « briser par des tapis de bombes le moral de la population civile allemande, en particulier des ouvriers de l’industrie ». Or de nombreux prisonniers et travailleurs étrangers remplaçaient dans les ateliers les Allemands mobilisés et les villes étaient peuplées surtout de femmes, d’enfants et de vieillards, à moins qu’on n’ait voulu précisément tuer les familles des soldats pour les démoraliser.
Au cours de l’été 1942, Staline se plaignit à Churchill à Moscou que l’Angleterre n’aidait pas assez la Russie qui perdait 10 000 hommes par jour au front. Churchill promit de « détruire chaque logement ou presque dans chaque ville allemande ». La sténo a noté : « Mr Stalin smiled and said that would not be bad » (M. Staline a souri et a rétorqué que cela ne serait pas mal).
Le résultat fut l’éradication des métropoles et d’innombrables bourgades, avec des paroxysmes comme la petite ville d’horlogers de Pforzheim où une attaque en février 1945 tua 20 000 des 60 000 habitants. On avait testé les bombes incendiaires sur Lübeck en mars 1942. L’opération « Gomorrhe » sur Hambourg en août 1943 se solda par 40 000 tués, asphyxiés ou brûlés vifs dans un incendie de 20 km2 (44% des immeubles détruits). Cologne, Brême, Würzbourg, Fribourg et bien d’autres cités furent rasées. En Août 1944, ce fut l’opération « Tonnerre » contre Berlin : 20 000 bombardiers tuèrent ou blessèrent 220 000 habitants. En février 1945, ce fut le tour de la ville de Dresde qui était bourrée de réfugiés en provenance de l’Est, avec des bombes au phosphore pour transformer les êtres humains en torches vivantes et les égouts en feu..! Dans les nuits du 13 au 15 février 1945, les bombes lâchées par 800 bombardiers alliés sur Dresde font 135 000 morts et détruisent 80% de la ville.
Les Britanniques, en particulier le chef du « Bomber Command » Arthur Harris que les Allemands considèrent comme un criminel de guerre, prétendaient dresser la population contre Hitler par ce « moral bombing », mais la Gestapo et la guillotine travaillaient sans relâche en Allemagne. Les bombardements de terreur sur la population civile allemande furent un échec, mais constituaient des crimes de guerre car ils visaient expressément des populations civiles pour faire capituler des militaires. Au lendemain du jugement de Nuremberg, le général américain Curtis Lemay, commandant des forces alliées en Europe, responsable de l’opération « Pointblank » , l’un des stratèges des bombardements qui rasèrent les villes allemandes a pu dire : « Si Hitler avait gagné, c’est moi qui aurais été jugé pour crimes de guerre ». Arthur Harris avait lui aussi sa place, bien que très loin derrière Staline, « le mangeur d’hommes », le tyran rouge, l’un des plus grands criminels de l’Histoire avec 7 millions de morts en 1932-1933 suite à la famine planifiée en Ukraine et 11 millions d’ennemis de classe entre 1937 et 1941, sur les bancs des accusés devant le tribunal de Nuremberg. Staline, tout comme l’Amérique et l’Angleterre, était juge de fait à Nuremberg, lieu de justice des droits de l’homme, mais aussi lieu de justice unilatéral des vainqueurs envers les vaincus. Les prétentions à une justice universelle, comme on le voit aujourd’hui avec le Tribunal pénal international (TPI) de la Haye, sous le contrôle des Etats-Unis et de l’OTAN, relèvent de l’utopie.
Des crimes de guerre, suite à la violence du conflit, ont donc été en fait commis par tous les pays sans exception. Je vous rappelle également à ce sujet le roman du Prix Nobel Günter Grass sur le torpillage du « Wilhelm Gusloff » par un sous-marin soviétique avec des descriptions vraies de l’horreur de ces attaques ou le viol systématique des femmes allemandes par les soldats russes, les troupes alliées ayant aussi violé en Allemagne. Des horreurs ont aussi eu lieu en France en 1945 à la Libération, au-delà des incarcérations ou des condamnations à mort injustifiées, où des femmes françaises, sous prétexte qu’elles avaient eu comme amis des soldats allemands, étaient tondues, déshabillées, frappées, bousculées sous les quolibets d’une façon déshonorante en public, presque toujours violées et parfois même tuées.
La vérité historique oblige à dire que la victoire contre l’Allemagne nazie est avant tout la victoire du sursaut du peuple russe, du nationalisme russe, mais que les crimes de guerre tels que Katyn, comme l’a très bien fait remarquer tout récemment le Premier Ministre Poutine lors des cérémonies du souvenir, étaient avant tout les crimes de Staline et du totalitarisme bolchevique qui n’hésitaient pas à pratiquer les mêmes méthodes de tueur de masse contre leur propre peuple, à une échelle où Hitler lui même fait figure d’amateur.
7. Dans certains pays, en particulier dans les republiques baltes, avec l'accord des autorites on organise des marches de commemoration des anciens combattants des Waffen SS en appreciant leur role dans "la lutte pour la liberation" .... Est-ce qu'il est possible de "lutter pour la liberte" en uniformes nazis, sous les drapeaux et slogans nazis ?
Est-ce qu'il est possible de voir des marches de commemoration des anciens vichistes ou collabos en France?
Je comprends parfaitement que les marches de commémoration des anciens combattants des Waffen SS heurtent la sensibilité et l’amour propre des Russes qui pensent, eux, à juste titre, à leurs 23 millions de morts et aux dommages de guerre. Il ne fait de plus aucun doute que ces marches sont délibérément et ostensiblement provocatrices à l’égard de la Russie. Mais en tant que Français européen, en toute objectivité et neutralité , je voudrais cependant vous faire les remarques surprenantes suivantes.
Les Waffen SS sont aujourd’hui présentés dans la plupart des médias en Occident et en Russie comme le symbole même de la barbarie, de la violence et du fanatisme. Or il n’est pas possible de dire que tous les Waffen SS étaient systématiquement des barbares, des brutes, des tueurs ou des gardiens de camps de concentration. Lorsqu’ils s’engageaient ces jeunes Allemands étaient avant tout au départ des soldats d’élite avec une très grande valeur militaire au même titre que les troupes russes d’élite ou la Légion étrangère. Il est vrai par contre que les troupes Waffen SS ont été amenées tout particulièrement sur le front russe à commettre énormément d’atrocités et que ces troupes étaient affectées à la garde des camps de concentration. C’est donc , avant tout , à la valeur militaire intrinsèque, au don total de soi, au courage de ces jeunes soldats d’élite que les pays baltes et la Galicie tiennent à rendre hommage dans leurs commémorations.
Mais ce à quoi ces pays tiennent le plus et ce qu’ils célèbrent , en fait, pendant ces commémorations, c’est non pas les crimes ou les dommages du totalitarisme et du racisme nazi en Russie, mais avant tout leur désir de survie identitaire, leur peur de se retrouver demain à nouveau sous domination ou influence russe. En empruntant l’uniforme allemand les Waffen SS des pays baltes et de Galicie se battaient en fait pour la défense de leur identité, pour échapper à la domination russe. C’est aussi la raison pour laquelle le maréchal allemand Von Manstein a pu dire que si le IIIème Reich , au lieu de mettre en pratique ses stupides théories racistes contre les slaves lors de l’invasion de l’Ukraine, après la famine et la terreur stalinienne, avait hissé à Kiev le drapeau ukrainien au lieu du drapeau à la croix gammée, l’Allemagne aurait gagné la deuxième guerre mondiale.
De ce point de vue identitaire, votre comparaison avec des marches possibles en France de commémoration des anciens partisans de Vichy ou d’anciens collaborateurs n’est pas valable car en France il s’agirait d’un problème idéologique, politique, interne à la vie civile du pays, avec la célébration du seul totalitarisme extrême . En Galicie et dans les pays baltes, il s’agit, en fait, du seul besoin d’ affirmation d’une identité menacée.
Mais là où ma réponse va peut être vous surprendre encore le plus, c’est que je pense souhaitable que la Russie, dans l’intérêt supérieur de la défense d’une civilisation européenne menacée , puisse se constituer à nouveau un jour comme une grande puissance planétaire et donc faire entrer un jour à nouveau ces pays dans sa zone d’influence.
Il est hors de question que la civilisation européenne disparaisse, que la Sainte Russie s’affaiblisse pour satisfaire seulement les besoins identitaires revendicatifs et agressifs de très petits Etats européens. La Grande Europe, je le répète, a besoin d’une Russie hyperpuissante et forte.
8. Comment peut-on riposter a la ressurgeance des idees et activites neonazies, surtout dans la jeune generation qui n'a pas connue les horreurs de la Seconde guerre mondiale et des camps de mort nazis?
Je vous répondrai d’une façon très brève et très directe. IL s’agit avant tout de redevenir européen avec nos valeurs traditionnelles, ce qui a fait la grandeur de l’Europe !
Il ne s’agit donc pas de devenir des nazis ou des bolcheviks staliniens que je mets dans le même panier car ils étaient aussi totalitaires les uns que les autres chacun à sa façon ! Il n’y a pas de grande différence entre Himmler et Beria ! Mais aussi et surtout, il ne s’agit pas pour autant de tomber dans le piège de l’Amérique et de devenir des droits de l’hommistes inconscients faisant abstraction de l’identité des peuples, des angélistes, des pacifistes innocents tels que Daladier ou Chamberlain avant la deuxième guerre mondiale, des adeptes de la repentance qui détruisent et déboussolent les peuples ! Non, il s’agit de redevenir nous mêmes et de renouer avec nos traditions et la « Real Politik », ce qu’a très bien compris le Président Poutine qui pour moi est le De Gaulle russe ayant redressé admirablement et d’une façon très intelligente la Russie ! l’Europe a besoin de nouveau des grands hommes de la valeur de Richelieu, Bismarck,Winston Churchill, De Gaulle, Poutine !
L’Europe doit se libérer du terrorisme intellectuel occidental qui fait le jeu de l’Amérique et arrêter de faire constamment et systématiquement référence au nazisme en oubliant le stalinisme sans voir que l’idéologie distillée par l’Amérique et l’oligarchie financière mondialiste est un poison tout aussi dangereux distillé dans nos veines qui nous mène à la décadence, à l’invasion migratoire, au déclin démographique de l’homme blanc, à la repentance, aux abus du capitalisme financier, à la perte de nos emplois (libre échange mondialiste) et un jour à la catastrophe politique ou économique, c'est-à-dire à l’explosion sociale !
« Virtus stat in medio » disaient les Romains ! Le chemin de chèvre du redressement européen passe donc par un juste milieu, c'est-à-dire le retour aux valeurs traditionnelles, entre les deux extrêmes du totalitarisme nazi ou stalinien d’un côté et la décadence inéluctable engendrée à terme par l’actuelle idéologie occidentale .
9. Quelle etait le role de la fin de la Seconde guerre mondiale dans la creation de la nouvelle Europe? De quelle Europe faisait les reves a l'epoque general de Gaulle? L' Europe du Brest a l'Oural serait-elle une realite un jour?
Cher Monsieur, si vous me permettez plutôt que de vous faire de longs discours, je préfère vous remettre tout simplement la première page de citations de mon ouvrage de 538pages « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou » qui cite entre autres le Général de Gaulle, le Président Poutine et de grands hommes russe, allemand et français, mais surtout ce que souhaiterais, c’est que, pour paraphraser les mots historiques de Danton, vous la montriez au peuple russe, car elle en vaut la peine ! Je vous en remercie très vivement car il en va de l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants, de la survie de la Russie et de la civilisation européenne au XXIème siècle !
« Moi je dis qu’il faut faire l’Europe avec pour base un accord entre Français et Allemands. Une fois l’Europe faite sur ces bases, alors on pourra essayer, une bonne fois
pour toutes, de faire l’Europe toute entière avec la Russie aussi, dut elle changer de régime. Voilà le programme de vrais Européens. Voilà le mien.
Conférence de Presse du Général de Gaulle
Palais d’Orsay- 29 Mars 1949
Il y a trois cents ans que la Russie aspire à se confondre avec l’occident de l’Europe , qu’elle tire de là toutes ses idées les plus sérieuses, tous ses enseignements les plus féconds, toutes ses jouissances les plus vives.
Tchaadaïev (1794-1856)
« Il n’y aura pas d’Europe pacifique, démocratique et prospère s’il n’y a pas entre ses deux composantes, l’Union européenne qui s’élargit et la Russie avec sa CEI (communauté des Etats Indépendants), des relations de confiance et de co-développement. C’est une nécessité »
Jacques Chirac
« Il n’y a pas d’Europe européenne, il n’y a pas d’Europe indépendante dans le monde tel qu’il est, s’il ne s’établit pas un axe Paris-Berlin-Moscou, qui est l’axe de l’indépendance européenne »
Jean –Pierre Chevènement, 21 Mai 2000, colloque « Mondialisation libérale, Europe, Etats –nations
« Mais je crois que l’Europe ne peut à long terme affermir sa réputation de puissant et indépendant centre de la politique mondiale seulement si elle unifie ses moyens avec les hommes, le territoire et les ressources naturelles russes ainsi qu’avec le potentiel économique, culturel et de défense de la Russie »
Vladimir Poutine, discours au Bundestag, 25 Septembre 2001
« Si l’Europe veut garder son statut de puissance aux côtés des Etats-Unis et de pays émergents comme la Chine et l’Inde, elle a besoin d’une relation stratégique avec la Russie »
Gerhard Schröder, ancien chancelier
« J’ai à maintes reprises demandé aux puissances occidentales de ne pas identifier le communisme soviétique à la Russie et à l’histoire russe »
Alexandre Soljenitsyne
10. Quelles initiatives doivent etre entreprises pour ecarter pour toujours de la vie du monde la guerre comme moyen de resoudre les problemes politiques?
Cher Monsieur, je vous répondrai, à chacun sa sensibilité, à chacun sa Vérité, mais pour ma part , comme le Président Poutine ou le le général de Gaulle, je m’abstiens de rêver et je m’en tiens au vieux adage romain « Si vis pacem, para bellum ». Redevenons les Européens faisant honneur à leurs pères et à leurs ancêtres ! Plutôt que de rêver des utopies se terminant par des catastrophes face aux réalités, retroussons nos manches et inspirons nous davantage de Yermack le cosaque partant à la conquête de la Sibérie !
Amicalement,
Youri Oulianovski
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