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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 09:48

http://www.bvoltaire.fr/francoisteutsch/le-gouvernement-des-sous-prefets,311576?mc_cid=feace144f6&mc_eid=58ff097ba7

Le gouvernement des sous-préfets

AUJOURD'HUI

 

En France, toutes les crises institutionnelles se soldent par un coup d’État, par un bouleversement politique, et pas toujours pour le pire.

 

François Teutsch

Avocat

 

 

L’affaire Fillon a beau mobiliser les médias, le monde politique, et heurter un certain nombre de Français, elle n’est qu’un épiphénomène. Elle n’est qu’un nouvel avatar de la déliquescence de nos institutions et le révélateur d’une organisation sociale et politique moribonde. Il s’agit, sans tomber dans l’anachronisme, d’une affaire similaire aux innombrables – et bien oubliées – luttes entre les parlements d’Ancien Régime et le pouvoir royal, émaillées de scandales retentissants et de corruptions méphitiques. D’une affaire semblable aux scandales qui ont ponctué les années du Directoire, ce régime pourri où la misère du peuple s’opposait à l’insolente richesse de quelques privilégiés. Dans quelques décennies, personne ne s’en souviendra.

Il ne s’agit pas, ici, d’accabler l’homme. Nul ne peut juger sa conscience, et il est bien tôt pour dire si ce qui lui est reproché est avéré et condamnable. Simplement de porter un regard sur cette Ve République finissante qui n’en finit pas de mourir.

Le pouvoir politique, c’est-à-dire le gouvernement des hommes et de la cité, n’existe plus. Il a disparu depuis que nos dirigeants ont laissé le pas aux puissances économiques, en oubliant que la richesse d’un pays ne se confond pas avec la liberté de quelques-uns de faire tout ce qui leur plaît. L’économie et la finance sont un rouage essentiel du fonctionnement d’une société, mais un rouage subordonné au bien commun. D’un moyen ils ont fait une fin.

N’est-ce pas Nicolas Sarkozy qui voulait être le Président du pouvoir d’achat ?

Le pouvoir politique s’est incarné dans notre longue histoire dans des hommes et des femmes d’État. De Charlemagne à Richelieu, de Blanche de Castille à Bonaparte, de Saint Louis à de Gaulle, ils ont cultivé une qualité essentielle : le chef dirige, gouverne, donne le cap. Non sans erreurs, difficultés, non sans crimes, parfois. Mais le pouvoir politique s’incarnait, au-delà des époques, des mœurs et des changements de régime.

Les rédacteurs de la Constitution de 1958 avaient pour ambition d’effectuer la synthèse entre la monarchie et la démocratie représentative. Une synthèse qui ne peut s’opérer, dans notre vieille culture française, qu’au travers d’un homme. Taillée pour un monarque élu (Charles de Gaulle), elle est devenue incompréhensible à des petits commis, plus préoccupés de petites choses que du destin d’une nation. François Mitterrand, sans doute, à cause de son éducation et de sa culture, l’a compris le dernier. Après lui, l’Élysée n’a abrité que des sous-préfets.

François Fillon n’est pas dépourvu de qualités, et le procès médiatique qui lui est fait pue la manipulation et la basse police. Mais c’est justement parce qu’il n’est ni Louis XIV, ni Bonaparte, ni de Gaulle qu’il est si vulnérable à ces attaques. C’est parce qu’il n’a que l’ambition d’être le gouverneur d’un État européen fédéré qu’il ne peut pas s’élever à la hauteur de ces monarques dont l’empreinte reste si visible.

En France, toutes les crises institutionnelles se soldent par un coup d’État, par un bouleversement politique, et pas toujours pour le pire. Il n’est que temps d’espérer un changement profond pour que notre pays reprenne son destin en main.

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