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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 14:49

À 17 km de Crépol, Romans-sur-Isère, cette petite cité qui connaît l’enfer

Sabine de Villeroché 21 novembre 2023Ensauvagement Crépol Romans sur Isère

 5 minutes de lecture

 

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Ainsi donc, ce mercredi, c'est à Romans-sur-Isère qu'aura lieu une marche blanche organisée par la famille de Thomas, assassiné à Crépol. C'est dans ce chef-lieu de canton situé à 17 kilomètres des lieux du drame que Thomas allait au lycée et jouait au rugby, et c'est peut-être - selon toute vraisemblance - de là, aussi, que venaient certains, au moins, de ses agresseurs. Une petite ville de 33.000 habitants qui, comme bien d'autres en France, se gangrène, rongée par les violences, l'insécurité et l'immigration.

Après Montélimar et Valence, Romans-sur-Isère est classée 3e ville du département de la Drôme où règne le plus d'insécurité. Le risque moyen statistique d'y être victime d'un crime ou d'un délit est estimé à 45 pour mille, soit 4,54 %. L'ensauvagement y progresse : en un an, entre 2021 et 2022, les services de police et de gendarmerie estiment que la délinquance a augmenté de 11,6 % avec, en détail, +35 % de coups et blessures enregistrés en un an, +46 % de coups et blessures volontaires et +78,9 %, de vols violents et +35,4 % des plaintes pour violences sexuelles.

Des chiffres qui classent malgré tout ce chef-lieu de canton à la 207e place sur 373 villes de plus de 22.500 habitants de France qui subissent le plus de crimes et de délits par habitant. C'est dire de la douceur de vivre en France...

Bien entendu, Romans-sur-Isère comme les autres a connu ses nuits d'émeutes après le décès du petit ange Nahel. Des stigmates qui perdurent encore dans le quartier de la Monnaie où bon nombre de commerces saccagés n'ont, à ce jour, pas encore rouvert. Le taux d'immigration de cette ville de plus de 33.000 habitants avoisine les 12,4 %. C'est plus que la moyenne nationale (9,9 %), moins qu'à Nantes (10,9 %), mais on n'est pas à Saint-Denis non plus (38,3 %). Les habitants de la Monnaie, ce territoire soupçonné d'abriter bon nombre des tueurs de samedi soir (même si, précisait, lundi soir, le procureur, « il n'y a pas de logique de territoire »), témoignent au micro d'Europe 1</em : « On n'est pas tranquille… Il y a quatre mois, pendant les émeutes, tout a été détruit, les toits et les poubelles brûlés… Il y a de la drogue partout. Moi, ce qui me fait rester là, c'est le prix du loyer ! Sinon, je n'ai aucune raison de rester là, c'est trop dangereux, ça fait peur » et, au Figaro : « C'est un vrai ghetto. L'hiver, quand il y a de la neige, les jeunes s'amusent à caillasser les voitures passantes avec des boules de neige chargées de cailloux ».

L'enquête progresse vite. Ce mardi 21 novembre après-midi, Gérald Darmanin annonce l'interpellation de sept personnes. Nous allons bientôt en avoir le cœur net, savoir quel est le point commun entre ces agresseurs qui, un soir de novembre, ont déferlé sur la campagne tranquille pour sectionner les doigts d'un vigile, attaquer au couteau 17 victimes et assassiner Thomas. Savoir si, selon les déclarations du procureur, il est « faux d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier », et savoir aussi s'ils étaient venus là « pour planter des Blancs », comme affirment l'avoir entendu deux témoins au moment du drame.

En attendant, rien n'empêche de faire ce petit devoir de mémoire : le 4 avril 2020, Romans-sur-Isère était le théâtre d'un attentat terroriste perpétrée par Abdallah Ahmed-Osman, réfugié soudanais de 33 ans. Une agression à l'arme blanche - une de plus - qui a fait sept victimes, dont deux personnes décédées. Impuissant, le maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, avait alors interpellé les autorités « au sujet des MNA (mineurs non accompagnés) qui arrivent dans une ville, sont logés par l'intermédiaire d'associations sans jamais que le maire ne soit informé ». Elle réclamait « l'état d'urgence contre le terrorisme », demandant « l'accès pour les maires au renseignement territorial français », déplorant n'avoir elle-même pas été informée de la présence d'Abdallah Ahmed-Osman, pourtant hebergé par une association sur sa commune.

Et depuis ? Rien n'a bougé, les maires n'ont pas été entendus. Ils sont toujours soumis au bon vouloir du préfet qui décide ou non de les informer de la présence de fichés S sur leur territoire. L'affaire de l'attentat d'Arras a fait ressurgir le problème, et puis c'est tout. C'est toujours aux dépens des victimes que l'on découvre la carence des pouvoirs publics. À l'heure où les bougies et les couronnes sont prêtes pour les marches blanches.

 

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